Ce jeudi 17 juin débute Salle George Sand, au Centre culturel des Carmes, une très belle exposition estivale qui fleure bon la mer et la pêche, des sources d'inspirations népuisables pour cet artiste qui a beaucoup voyagé.
« Nous pouvons considérer les pêcheurs comme les derniers « chasseurs-cueilleurs » de nos sociétés modernes. Ce statut les pourvoit d’un immense héritage, d’une aura symbolique. Lorsque H. Melville nous conte une chasse à la baleine*, il dépeint autant la folie des hommes et leur étrange destinée qu’une simple pratique commerciale. Si le poisson devient le symbole de ce que l’on cherche dans cette vie, alors nous sommes tous des pêcheurs. Que ce poisson soit Saint Graal ou leurre, notre quête est jalonnée des notions de subsistance, de partage, de convoitise, d’amour et de mort. Quelque soit notre but, nous naviguons tous, guidés par les phares que sont nos concepts idéologiques, poursuivant nos insaisissables baleines blanches. »
Ledœufre s’attache à intégrer toutes ces dimensions dans ses œuvres, afin que le marin pêcheur devienne un prétexte pour aborder des sujets plus intimes ou universels tel que les rapports hommes/femmes, les conséquences de notre surconsommation ou encore la solitude de l’homo sapiens moderne.
Entretenant une certaine ambiguïté, il cherche à créer un équilibre entre d’une part, une atmosphère sombre et mystérieuse, emprunte d’iconographie religieuse et véhiculée en partie par l’expression grave de ses personnages inspirés des « arts premiers », et d’autre part un second degré, un humour provoqué paradoxalement par ce même excès volontaire de solennité et un graphisme proche de la bande dessinée.
Ledœufre se plait à briser les codes, revisite aussi la tradition de l’ex-voto en créant des pièces qu’il décline en autels, fétiches et autres icônes. Pour donner à ces dernières une apparence de vestige, il utilise des débris de bateaux, bois flottés et autres « laisses de mer » qu’il agrémente de miniatures sur bois et modelages en céramique et porcelaine. Ces ex-voto peuvent être mis en scène sous la forme d’installations évoquant des lieux de cultes inconnus, reliques d’une civilisation adepte d’obscurs rituels marins.
Ledœufre : du 17 juin au 29 juillet les mardi, jeudi et samedi de 14h30 à 18h, les mercredi et vendredi de 10h à 12h30 et de 14h30 à 18h, le dimanche 20 juin de 15h à 18h, fermeture les jours fériés.